Récit d'un vol un peu particulier : le premier voyage au long cours effectué sur un CTLS au sein de l'aéroclub ; c'était en 2010.
Merci Ă Michel pour cette aventure en terre bretonne !
Le CTLS au pays des binious, bombardes, Korrigans et autres
C'est nous...Brigitte, et Michel.
Samedi 22 mai 2010, 06h45 UTC, par une belle matinée ensoleillée, décollage pour GUISCRIFF SCAER (LFES) aux confins de la Bretagne.
Cet aĂ©rodrome se situe dans le Morbihan, Ă la limite du FinistĂšre et Ă 25 km au nord de CONCARNEAU. Afin que le voyage soit plus agrĂ©able et subvenir Ă dâĂ©ventuels besoins naturels, une escale est prĂ©vue Ă lâIle dâYeu (LFEY).
La configuration de lâappareil, avec 2 personnes Ă bord (1 au poids standard et lâautre plus (âŠ.beaucoup plus) lĂ©gĂšre, permet lâemport de 20 kg de bagages en sus du plein complet (130L), ce qui donne une autonomie de 6h de vol. Donc, un ralliement possible de notre destination finale sans ravitaillement est largement envisageable.
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La mĂ©tĂ©o ce jour est CAVOK tout au long du trajet avec un anticyclone centrĂ© au large des Açores. Câest une situation confortable, Ă ceci prĂšs que le vent sera levĂ© quasiment tout au long du trajet.
Donc dĂ©part sur la balise MUT en montĂ©e vers 3000 ft QNH, qui sera lâaltitude de croisiĂšre et route directe sur les Sables dâOlonne avant de rallier lâIle dâYeu. Ce trajet nous fait survoler entre autres lâĂźle dâOlĂ©ron, Fort Boyard, lâile dâAix, lâĂźle de RĂ©.
Magnifique !
CAVOK : conditions de plafond et visibilité optimales
Le survol maritime Ă©tant non nĂ©gligeable, lâemport de gilets et le dĂ©pĂŽt de plan de vol sâimposent.
Un aspect sĂ©curitĂ© non des moindres dans ce type de survol est la dotation du CTLS dâun parachute de secours, ce qui serait certainement un Ă©norme plus en cas dâamerrissage forcĂ© dans une mer dâhuile (difficultĂ© dâapprĂ©ciation de la hauteur au-dessus de lâeau) ou trop houleuse.
Quatre organismes dâinformation (Toulouse, Bordeaux, La Rochelle, Nantes) plus tard, nous voilĂ en contact avec lâAFIS de l'aĂ©rodrome de l'Ăźle d'Yeu (LFEY).
A partir de la Pointe des Corbeaux (pointe Sud de l'Ăźle), nous longeons la cĂŽte Sud-Ouest de lâĂźle (la cĂŽte Ă©tant interdite de survol) avant dâintĂ©grer le circuit pour un poser en 15 sur la piste en dur.
Le vent traversier étant limite, la décision de prendre la piste en herbe orientée plus face au vent aurait pu se justifier ; mais quand on aime la difficulté...
Lâaccueil sur ce terrain, bien que sympathique, reste des plus sommaires. Il faut monter Ă la tour pour payer sa taxe dâatterrissage (â 4âŹ) et il nâexiste pas de lieu de rafraichissement exceptĂ© Ă lâaĂ©roclub.
Pourtant, le parking Ă©tait dĂ©jĂ encombrĂ© par de nombreux avions. Câest Ă priori une destination recherchĂ©e par de nombreux pilotes !!
Ce vol a durĂ© un peu plus longtemps que prĂ©vu (2h37) et sâest effectuĂ© en atmosphĂšre calme.
Le CTLS nâĂ©tant pas un aĂ©ronef encore trĂšs rĂ©pandu, il a fallu parfois rĂ©pĂ©ter le type dâappareil au contrĂŽle aĂ©rien, et mĂȘme le dĂ©crire sommairement !
Nouveau dĂ©collage (toujours avec du vent de travers) pour la seconde partie du voyage. Route directe initiale vers La Baule toujours 3000ft QNH, et ensuite descente Ă 2000 ft sur Aurais pour emprunter le cheminement sud des espaces aĂ©riens de Lorient (base navale de Lann-BihouĂ©) jusquâĂ Concarneau.
Cette trajectoire nous fait passer Ă lâouest de lâĂźle de Noirmoutier et survoler tout le golfe du Morbihan. Les paysages survolĂ©s sont Ă©galement dâune grande beautĂ©. Nous apercevons au large Belle-Ăle et lâĂźle de Groix.
Qu'elle est belle, ma Bretagne !!!
En revanche, cette fois-ci, les thermiques se sont déclenchés et la structure en composite du CTLS rend le vol beaucoup plus turbulent. Nous nous faisons secouer quasiment pendant tout le trajet et la prise de photos devient ainsi nettement plus sportive.
Passé Noirmoutier, nous passons l'ßle du Pilier (photo ci-contre)
Arrivée sur le golfe du Morbihan, Vannes à l'arriÚre-plan
AprĂšs un petit survol de Concarneau et sa trĂšs belle ville close, nous voilĂ , aprĂšs 1h24 de vol, en vue de Guiscriff (LFES) pour un poser en auto-information sur la piste 03.
Vent toujours de travers, mais lĂ , pas le choix, il nây a quâune piste en dur.
AprĂšs avitaillement de lâappareil jusqu'au plein complet (66 L), nous sommes trĂšs gentiment accueillis par la gestionnaire de la plateforme qui nous indique notre hangar pour le stationnement (15⏠pour 2 jours) et taxe dâatterrissage forfaitaire de 4⏠pour tout le sĂ©jour.
Escale sur place
3 jours et quelques chouchens plus tard, aprÚs avoir profité d'un temps splendide pendant tout notre séjour à Concarneau avec une moyenne de 28°C, direction l'aérodrome pour entamer le vol retour.
L'itinéraire prévu relie Saint-Brieuc, le Mont Saint-Michel avec une escale à Niort avant la destination, Muret.
Les conditions atmosphĂ©riques ayant Ă©voluĂ©, nous nous retrouvons avec des conditions atmosphĂ©riques moins favorables quâĂ lâaller, ce qui nâempĂȘche nullement dâeffectuer la majeure partie du vol Ă 3000 ft QNH. A nouveau vent de face pendant tout le trajet retour. Grrr !!!
Le survol de la cĂŽte de ST Brieuc au Mt Saint Michel se rĂ©vĂšle Ă©galement de toute beautĂ©. On croise au large de Dinard et St Malo. Au passage de la pointe du Grouin, on a une vue dâensemble de la baie (malheureusement Ă marĂ©e basse) avec au large les Ăźles Chausey et non loin du mont, le non moins fameux mont Tomblaine.
Que câest beau !! AprĂšs les photos dâusage (minimum 3000ft autour du mont), route sud Ă lâissue pour une directe sur Niort ou nous nous posons aprĂšs 2h33 de vol.
Bien que non nĂ©cessaire, je dĂ©cide de recomplĂ©ter Ă lâescale afin dâĂ©viter de refaire le plein Ă lâarrivĂ©e. Belle escale que celle de Niort avec un accueil trĂšs sympa de la part dâOlivier (un des agents gestionnaires de la plateforme) et une taxe dâatterrissage des plus modestes (2âŹ).
Nouveau dĂ©collage pour lâĂ©tape finale sur Muret atteint aprĂšs 2h06 de vol et 100L dâessence restante Ă lâarrivĂ©e. MĂȘme pas besoin de recomplĂ©ter. Câest-y pas beau çà ? Ăa ne consomme rien, ces petites bĂȘtes et câest tant mieux. Câest meilleur pour lâĂ©cologie et ... le porte-monnaie.
Conclusion
Techniquement, le CTLS est un appareil de voyage trÚs agréable, tout du moins dans la configuration proposée à Jean Mermoz.
Cet apparei (F-WDCT) dispose pour la partie navigation dâun GPSMAP GARMIN 695 facilement configurable au sol et en vol. Ergonomiquement, il est trĂšs bien placĂ© dans lâappareil. Son grand Ă©cran en permet une utilisation trĂšs aisĂ©e et facilite grandement la navigation. Il possĂšde mĂȘme une fonction terrain qui permet de visualiser en coupe horizontale et verticale le franchissement des obstacles sur la trajectoire.
Les paramĂštres de pilotage sont centralisĂ©s dans un PFD (Primary Flight Display), avec possibilitĂ© dâutiliser des Bugs (alarmes), notamment pour les maintiens dâaltitude et de route.
LâEFIS devant le pilote peut ĂȘtre configurĂ© de plusieurs maniĂšres. Pour les dĂ©collages et atterrissages, je choisi en principe 2/3 PFD, 1/3 paramĂštres moteurs. Alors quâen croisiĂšre, jâopte pour lâoption 2/3 PFD, 1/3 ND (Navigation Display) qui est en fait la recopie du Panel du GPS.
CĂŽtĂ© passager, lâĂ©cran peut ĂȘtre configurĂ© de la mĂȘme maniĂšre. Pour ma part, jâopte pour 2/3 paramĂštres moteur et 1/3 gestion carburant.
Petit bĂ©mol tout de mĂȘme (il en faut bien un peu), le CTLS est relativement instable autour des axes dâinertie.
Bien quâil dispose de compensateurs sur les trois axes (lacet, roulis, tangage) mais dâune efficacitĂ© toute relative, il demande une surveillance et un rĂ©ajustement constant des paramĂštres tout au long du vol. Cela Ă©vite en tout cas de sâassoupir car lâinstallation dans la cabine plutĂŽt spacieuse est confortable et pourrait entraĂźner une hypo vigilance en vol prolongĂ©.
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Article initialement publié en 2010, republié en septembre 2018.
8 ans aprÚs, l'exploitation pérenne d'un CTLS est enfin une réalité (voir Les CTLS à l'ACJM, et notre flotte).
Merci Ă Michel d'avoir fourni ses textes et images, et pour cette belle balade !